HOMESpécialEscapade nature à Karuizawa

Escapade nature à Karuizawa

Pour les Japonais, l’évocation de Karuizawa rime avec nature luxuriante et air pur des montagnes. Quelques kilomètres à peine séparent le plateau, à 1000m d’altitude et où se trouve la ville, du col d’Usuitouge – frontière naturelle avec la préfecture voisine de Gunma et voie de communication ancienne, déjà fréquentée sous l’ère Edo ! Il est un point de vue formidable sur la nature environnante, qui s’enflamme une fois l’automne venu.

Vue imprenable au col d’Usuitouge

Les plus courageux monteront au col comme les voyageurs d’antan, à la force de leurs mollets. Mais la randonnée, si elle constitue une belle promenade sous un feuillage dense et flamboyant à l’automne, n’offre pas en elle-même de points de vue. Et les zigzags de cet ancien tronçon du Nakasendo – la route qui reliait Edo à Kyoto par l’intérieur des terres – sont partagés avec les voitures.

Non, le mieux pour atteindre Usuitouge reste d’attendre le Bus rouge (« akaibusu ») au niveau de la Karuizawa Ginza Avenue – le tronçon du Nakasendo qui traversait Karuizawa et où s’alligne aujourd’hui les restaurants populaires et les boutiques rétro. Le bus emblématique s’arrête au niveau des principaux hôtels et circule toutes les 45 minutes environ. L’ascension dure environ un quart d’heure.

Si le temps est clair, il faut alors se presser pour rejoindre Miharaishi-dai, le point de vue sur les montagnes environnantes, à cinq minutes de marche du terminus de l’akaibusu. Un impressionnant panorama sur les environs vallonnés est à découvrir. À partir de l’automne, au delà des arbres rouges, jaunes et orangés, le sommet du Mont Asama, l’une des 100 plus belles montagnes du Japon, se pare de neige.

L’autre particularité de Miharaishi-dai, comme l’ensemble de la zone d’Usuitouge, est d’être à la frontière de la préfecture de Nagano, où se trouve Karuizawa, et de celle de Gunma. La frontière est clairement matérialisée au sommet, par un pointillé de rocher et un panneau indicateur au-dessus duquel se déploie un feuillage rouge flamboyant !

Le double sanctuaire Kumano

Autre particularité de cette frontière, le petit sanctuaire Kumano qui honore les esprits locaux et le corbeau à trois pattes Yatagarasu, voit tout en double. Comme l’autel principal est situé en plein sur la ligne de démarcation, il dépend administrativement des deux préfectures. D’où deux bureaux, deux hiérarchies de prêtres shintoïstes et deux troncs principaux au pied de l’autel – le tout disposé de manière symétrique.

Cette situation inédite dans l’archipel attire nombre de curieux. Mais ce n’est pas le seul intérêt du petit sanctuaire ancien, situé dans un écrin de nature. À l’automne, celle-ci devient dorée et met en valeur les bâtiments et les sculptures du lieu. Ne pas hésiter à se promener un peu partout dans l’enceinte, à la recherche des détails subtils du culte shinto, comme Shinano-ki, l’arbre majestueux âgé de plus de 800 ans qui se cache côté Nagano, ou la référence subtile au tir au l’arc.

Les chikara mochi entre deux préfectures

Après les visites et en attendant de redescendre, un goûter est bienvenu. Plusieurs établissements existent au niveau du col, dont certain offrant à nouveau une très belle vue sur les alentours. Après avoir été des haltes pour les voyageurs du Nakasendo, ils accueillent aujourd’hui les visiteurs d’un jour, qui s’aventurent au col depuis Karuizawa.

La spécialité locale est le Chikara mochi, un émietté de mochi – ces boules de riz gluant – agrémenté d’un ou plusieurs ingrédients, comme l’ankou – la pâte de haricots rouge – ou des noisettes concassées. En suivant les pointillés de la frontière Nagano-Gunma depuis les escaliers du sanctuaire Kumano, il est possible de se retrouver dans un restaurant lui-aussi à cheval entre les deux préfectures.